Depuis samedi, ma boite de messagerie à exploser (pas vraiment, mais presque) de message de gens voulant savoir ce que je pensais des articles publiés un peu partout disant que l’huile de coco (et les acides gras saturés) était en fait néfaste pour notre santé. Les articles sont basés sur une nouvelle analyse de l’AHA (American Health Association). En fait, quand j’ai vu l’article pour la première fois, j’ai pensé que c’était un article de 1992 (ce n’est pas une joke). À ma grande surprise, ce n’était pas le cas?!?! Ensuite, lorsque j’ai vu que les recommandations étaient de remplacer les acides gras saturés par l’huile de canola, l’huile de soya et l’huile de maïs, je me suis dit : « ça y est! on est le premier avril! ». Lol…
Je ne trouvais pas que c’était assez sérieux pour en parler, mais voyant l’ampleur de la nouvelle et les demandes en grand nombre, j’ai décidé d’écrire quelques lignes.
Voici l’étude : http://circ.ahajournals.org/…/06/15/CIR.0000000000000510
La réponse est : vous pouvez continuer à prendre de l’huile de noix de coco sans crainte.
Pour ceux qui aimerais un peu plus de détails, en voici quelques’un :
La première erreur est de penser que les acides gras saturés sont tous égaux. Il y a plusieurs types d’acides gras saturés selon le nombre d’atomes de carbone à l’intérieur de la molécule qui influence sa longueur qui influence de façon différente notre métabolisme, l’absorption et l’effet sur l’équilibre des lipides.
L’huile de noix de coco contient beaucoup d’acide laurique qui est constitué d’une chaine de 12 carbones pour être considéré comme un acide gras à chaine moyenne. C’est totalement différent des acides gras saturés à longue chaine. Ces acides gras ont tendance à augmenter le HDL (le « bon » cholestérol). Aucune mention des différents types d’acides gras saturés dans l’étude de l’AHA. Ils les ont tous mis sur un pied d’égalité ce qui démontre une grande incompréhension du sujet.
1 chercheur qui signe l’étude reçoit de l’argent de l’industrie de l’huile de Canola et 2 autres en reçoivent de l’industrie pharmaceutique. Un hasard, c’est certain.
Certaines personnes avancent le fait que l’AHA veut toujours défendre leur rapport qui s’intitule le Diet-Heart Hypothesis de 1961 et on ignorer un paquet d’études disant le contraire, dont 16 dans les 5 dernières années qui se retrouve tous ici : http://www.nutrition-coalition.org/saturated-fats-do…/
Pourtant leur Diet-Heart Hypothesis démontre (dans cette étude : http://www.bmj.com/content/353/bmj.i1246) que les gens avaient plus de chance de mourir d’une condition cardiovasculaire après 65 ans s’ils utilisaient de l’huile de maïs et remplaçaient le beurre par la margarine. Aucune mention dans leur travail bien entendu.
Si vous voulez étudier les effets négatifs de ces huiles (canola, maïs et soya) sur notre santé, je vous suggère l’excellent livre du Dr. Cate Shanahan qui s’intitule Deep Nutrition. Ces huiles sont encore plus nocives pour notre santé que le sucre selon le Dr Shanahan.
Les Kitavans sont les habitants des îles de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ils ne mangent aucun aliment transformé et ils obtiennent 17 % de leur apport calorique des gras saturés (majoritaire-ment de l’huile de coco) tandis que l’Américain moyen va atteindre seulement 11 % de son ap-port. Une étude menée sur les Kitavans a démontré qu’il n’y a :
« Aucune incidence d’accidents vasculaires cérébraux ni de cardiopathies ischémiques au sein de cette population ».
L’article, mais même en lien les maladies cardiovasculaires directement avec les niveaux de cholestérol et plus précisément du LDL (comme en 1992 et avant). On sait pourtant aujourd’hui que le cholestérol n’est pas le problème, que c’est l’oxydation des molécules de cholestérol par l’inflammation systémique qui peut poser problème. C’est pourquoi, plus de 50 % des gens qui vont à l’hôpital pour un évènement cardiovasculaire n’ont pas un cholestérol élevé et pourquoi les études sur les statines ne démontrent pas vraiment de protection significative. Ce qui veut dire que la baisse du cholestérol n’est pas une bonne protection contre les maladies cardiovasculaires. C’est toute la façon de voir le problème qui doit être revue.
En résumé :
• L’huile de noix de coco va réduire vos chances d’obésité et de maladies cardiovasculaires comparativement aux huiles polyinsaturées transformées
• Les acides saturés ne sont pas tous égaux!
• Les acides gras ou les triglycérides à chaîne moyenne – ils vous donnent un regain d’énergie instantané puisqu’ils sont faciles à digérer, même pour les personnes qui éprouvent des problèmes de digestion. Ces acides gras sont aussi cétogènes : ils aident le corps à utiliser les graisses au lieu des glucides pour produire de l’énergie.
• Acide laurique – il est le principal acide gras à chaîne moyenne de l’huile de coco. C’est un puissant agent antimicrobien qui combat les bactéries, les virus et les champignons.
• Gras de cuisson stable – l’huile de coco est constituée environ de 90 % de gras sa-turés, ce qui la rend très stable lorsqu’elle est chauffée à haute température.
Étude de 2009 dans Lipids :
« Il semble que la supplémentation combinée avec de l’huile de coco ne cause pas de risques de dyslipidémie et favorise une diminution de l’obésité abdominale ».
Assuncao ML et. coll., Effects of dietary coconut oil on the biochemical and anthropo-metric profiles of women presenting abdominal obesity. Lipids, vol. 44 issue 7, Ju-ly 2009.
Ce n’est pas par contre pas parce que l’huile de noix de coco est bénéfique qu’on doit en prendre 8 c.a.table par jour et ignorer les autres types d’acides gras. Notre corps à besoin d’un bon équilibre entre les polyinsaturés, les mono-insaturés et les saturés pour des membranes cellulaires saines, souples, mais pas trop.
L’huile d’olive et/ou l’huile d’avocat, l’huile de poisson (ou l’huile de foie de morue) devrais aussi faire partie de notre alimentation. Utilisez l’huile de coco pour votre cuisson et l’huile d’olive pour vos salades est sans doute une bonne idée. Les lipides provenant de vrais aliments non transformés sont toujours supérieurs : Avocats, olives, noix de coco, graines, etc.
Il y a un petit bémol. Certaines personnes qui ont 2 copies du gène APOE4 sont plus à risques de maladies cardiovasculaires et d’alzheimer et vont déséquilibrer leurs lipides plus facilement que les autres s’il y a trop de saturés, pas suffisamment de légumes et d’activité physique par exemple. C’est une petite tranche de la population, mais elle existe. C’est pourquoi la solution unique n’existe pas.
En espérant que ça vous a éclairé un peu.