Pour bien comprendre, il faut avoir lu l’article original qui est ici:
Je questionnais la suggestion de retirer la vitamine D et autres aux personnes âgées dans les CHSLD.
J’ai ensuite envoyé un courriel aux auteurs du guide afin de demander des explications, mais surtout sur quelles études spécifiquement ces recommandations ont été faites puisque le titre du guide de l’APES mentionne que c’est une « revue de la littérature ».
Voici mon courriel :
Bonjour,
Je ne suis ni expert dans ce sujet ni professionnel de la santé travaillant dans notre système de santé et c’est la raison que je me réfère à vous. Un simple naturopathe et citoyen du Québec.
J’ai trouvé intéressant que le guide : Covid-19 – particularités gériatriques. Guide de soin et revue de la littérature suggèrent de retirer la vitamine D, les multivitamines et autres suppléments nutritionnels.
Je n’ai pas retrouvé dans le guide les références de la littérature (sauf des liens généraux dans la section ressources et outils utiles) qui démontrent que l’on pourrait soit infecter quelqu’un en lui donnant un supplément qu’on ne touche directement ou qu’il serait néfaste pour l’immunité d’en donner. Pouvez-vous me diriger vers des références plus spécifiques qui ont motivé cette recommandation?
En contrepartie, les données sur les carences en vitamine D comme étant un facteur de risque afin de développer des symptômes plus importants affluent de plus en plus.
Est-ce que l’on ne risquerait pas de causer plus de tort en retirant la vitamine D qu’avec le potentiel bienfait d’en conserver pour une partie de la population qui va peut ou pas à l’extérieur?
Merci de m’éclairer et de m’aider à comprendre! Je pourrai également faire suivre votre message.
Fin du courriel_____________________________________
J’ai reçu cette réponse de l’un des deux éditeurs du guide qui est un interniste en gériatrie et épidémiologiste. Voici sa réponse :
Bonjour M. Legault,
Je vous remercie pour votre question et pour votre intérêt pour le Guide. Sachez qu’il n’est plus mis à jour. Je vous invite à jeter un œil sur ce site-ci qui présente des informations plus à jour. http://cpmchsld.ca/
Je comprends votre questionnement portant sur la vitamine D. Il est vrai qu’il y a de la littérature observationnelle qui démontre un observation entre les niveaux de vitamine D et des complications/survie en COVID. Sachez que la littérature regorge de telles associations qui souvent dans les études randomisées ne s’avèrent pas.
Pour répondre à votre question, la COVID, particulièrement au début de la 1re vague venait avec un haut risque de transmission (particulièrement en contexte d’EPI restreint au départ), risque qui était au départ mal quantifié. C’est dans cette optique que la pratique clinique usuelle cherchait à minimiser l’administration de médicaments non essentiels *à court terme*. C’est ainsi que nous avons fait notre suggestion. Ce n’est possiblement plus la pratique usuelle désormais.
J’espère que cela répond à votre question.
Au plaisir,
Fin du courriel________________________________________
Encore une fois, je ne suis ni expert en gériatrie ni épidémiologiste, mais je vous offre tout de même mes réflexions et surtout mes questionnements sur sa réponse :
La première réflexion que j’ai eue en lisant le courriel est qu’il ferait un excellent politicien. La réponse est bien montée, polie tout en esquivant l’essentiel de la question. La question principale de mon courriel était celle-ci : « Pouvez-vous me diriger vers des références plus spécifiques qui ont motivé cette recommandation? »
On peut donc en conclure qu’il n’y a pas de références spécifiques qui justifiaient cette recommandation puisqu’il n’y a rien à ce sujet dans la réponse. C’est donc, une recommandation qui n’est pas justifiée par des études randomisées. On peut tout de même donner le bénéfice du doute puisqu’il mentionne que « le risque était au départ mal quantifié ». Nous pouvons donc possiblement en déduire que le risque n’a jamais justifié cette mesure et que c’était exagéré par rapport au risque que l’on sait aujourd’hui était mal quantifié. C’est du moins ce que j’en comprends. Il avoue donc sans le dire directement que ça n’avait pas sa raison d’être.
Au début du courriel, il mentionne que le guide n’est plus mis à jour et qu’il y a un nouveau guide sur un autre site. La dernière mise à jour du guide date du 3 mai, mais le guide est toujours disponible en ligne. Si le guide n’est plus à jour, pourquoi est-il encore en ligne? S’il est toujours en ligne, il devrait être à jour, du moins ce serait préférable pour les membres, j’imagine?
Il mentionne qu’il est vrai que les études démontrent un lien entre une carence en vitamine D et des symptômes de Covid-19 plus important, mais que ce sont des études d’observations et qu’il n’y a pas d’études randomisées pour prouver que ça pourrait être bénéfique ou qu’il y aurait un lien définitif entre une carence et des symptômes de Covid-19 plus important.
Le problème est qu’il n’y a pas d’études qui prouvent le contraire n’ont plus. Aucune étude randomisée qui prouve que la vitamine D ne fonctionne pas ou que ce serait néfaste. Nous avons en contrepartie beaucoup d’études d’observations qui pointent dans la bonne direction.
C’est donc OK de recommandé de l’enlever sur aucune preuve, mais ce n’est pas OK d’en suggérer ou de ne pas l’enlever basée sur des études d’observations? Est-ce que j’ai bien compris la façon de penser?
L’autre phrase qui à capter mon attention est qu’il mentionne à la fin du courriel en parlant du retrait de la vitamine D que « ce n’est possiblement plus la pratique usuelle actuellement ». Donc, c’est peut-être encore le cas? On n’est pas certain? Personne n’a vérifié? On est supposément en pleine deuxième vague actuellement, non? On est en zone rouge presque partout, non? « Ça va bien aller », j’imagine?
La phrase « il n’y a pas d’études randomisées qui le prouvent » est souvent utilisée quand ça fait notre affaire. La médecine prend beaucoup de décisions ou l’on manque d’études randomisées. Donc, parfois c’est OK et parfois non, mais il n’y a pas de critères pour établir quand c’est OK et quand ce ne l’est pas. Ce sont les biais de confirmation qui semblent influencer le tout.
Conclusion :
Réponse de politicien qui tient plus ou moins la route. Peu d’arguments convaincants. Avoue que le risque avait été mal quantifié et que cette décision n’était la meilleure et ne devrait pas s’appliquer actuellement.
Ce serait à nos grands médias et à de vrais journalistes de faire ce genre d’article, pas à moi.
Il y aura une 3e partie à mon article ou je vais examiner plus en profondeur le problème avec la science et le fait de trop se fier uniquement aux études randomisées. À suivre…